Méfiez-vous !

05/12/2012

La situation actuelle est une aubaine pour les dirigeants de la Transition. Seuls les manifestants du Magro donnent l’impression qu’il y a un problème qui n’est pas entièrement résolu dans le pays. Et ces manifestants sont bien sages. Ils sont restés à l’intérieur des quatre murs de l’ancienne imprimerie Blue Print à Behoririka, depuis plusieurs mois, voire des années.

Ils sont bien disciplinés, et malgré la virulence de leur propos quelque fois, le régime de Transition sait que Magro ne pourra plus ébranler le pouvoir en place, tant qu’ils restent aussi sages. Tous les mouvements qui tentaient de « secouer le cocotier » ont été matés. On se souvient qu’en 2009, les Zanak’i Dada constituaient une vraie menace quand ils étaient souvent sortis d’Ambohijatovo. Le régime a mobilisé les grands moyens pour y mettre un terme, et les manifestants pro-Ravalomanana sont actuellement bien sages, presque inoffensifs. Les mouvements des syndicalistes ont été matés également. Et la radio Free FM qui a aussi tenté de « secouer le cocotier » a été pareillement réduite au silence. Ou presque. La station se contente de diffuser de la bonne musique. Et on ne verra sans doute plus ses principaux animateurs inviter les gens à descendre dans la rue. Le régime de Transition a usé de tous les moyens à sa disposition pour faire taire ceux qui avaient une revendication quelconque. Il a réussi parfaitement dans ce domaine, car c’est généralement facile de faire parler les armes plutôt que la logique. Dans les rangs des militaires aussi, ceux qui ont tenté de se mettre debout ou qui avaient leurs mots et leurs maux à dire sont actuellement sous les verrous. Le colonel Charles Andrianasoavina, sur son lit d’hôpital, se limite à faire des révélations. Et plus rien. L’homme a été désarmé depuis longtemps et a une santé trop fragile pour reprendre le combat. Un vrai cadeau pour le régime de Transition. Pour sa part, l’ancien président Marc Ravalomanana, qui constitue une vraie menace pour la HAT, est pour le moment, en exil. Son retour au pays n’est pas encore fixé. Chez les civils, comme dans les rangs des militaires, c’est le calme plat. Plus rien ne semble désormais à même d’ébranler les hommes du pouvoir. A priori. Ils sont bien installés. Nos dirigeants ont, pour la plupart, les joues enflées. Ils sont rassurés. Mais ils doivent se méfier. Malgré cette accalmie apparente, en effet, ils doivent se rappeler que la majorité de la population n’a jamais été d’accord pour qu’ils dirigent ce pays. Et surtout pas pour quatre ans. Non.