La peur au ventre

07/12/2012

Il n’avait pas le choix. Andry Rajoelina n’était pas préparé à rencontrer pour la énième fois son adversaire, Marc Ravalomanana. Il n’y aura pas de sommet entre les deux principaux protagonistes de la crise malgache. L’ancien président a fait le déplacement pour rien à Dar Es Salam, puisque Andry Rajoelina n’y sera pas. Depuis le début de la crise, le chef de la Transition a toujours évité, autant que possible, de rencontrer l’ancien homme fort du pays.

Avant la dernière rencontre entre les deux hommes aux Seychelles, le jeune putschiste avait posé des conditions avant de négocier avec Ravalomanana. La rencontre s’est terminée en queue de poisson. Rien n’a été décidé. Mais ce n’est pas le problème des Tanzaniens qui occupent dorénavant la présidence tournante de la troïka de la SADC. Ils veulent tenter leur chance. La nouvelle équipe dirigeante en France voulait également tenter sa chance, et souhaitait ce sommet à deux. Une rencontre entre les dirigeants français et tanzaniens a permis de préparer ce sommet, finalement raté. Ce n’est sans doute pas de leur goût que le chef de la Transition leur pose un lapin. Ce n’est pas en éludant une rencontre avec son adversaire que le président de la Transition peut pourtant résoudre la crise politique à Madagascar. Au contraire. A un moment où la SADC essaie de déployer un maximum d’effort pour trouver la solution, Andry Rajoelina a fait faux bond. Les motifs qu’il a avancés ne pourront certainement pas convaincre les initiateurs de la réunion de Dar Es Salam. De nombreux observateurs en a conclu que Rajoelina a peur de rencontrer Ravalomanana. Pour on ne sait quelle raison. C’est la peur au ventre. Il lui faut a priori des préparatifs spéciaux pour rencontrer son adversaire, mais cette fois-ci les conditions n’étaient pas remplies et il a préféré éviter le face-à-face. Ce n’est pourtant pas en évitant de rencontrer Marc Ravalomanana, sous l’égide de la communauté internationale, qu’Andry Rajoelina pourra résoudre les problèmes du pays. Ce n’est pas en évitant de dialoguer avec son ennemi qu’il pourra trouver la solution durable et efficace à la crise. S’il pouvait le faire de cette manière, la crise serait résolue depuis le 18 mars 2009, c'est-à-dire au lendemain du coup d’Etat. Mais c’est loin d’être le cas. C’est la peur au ventre qui a primé cette fois. Ceci dit, on ne peut pas s’attendre à une solution définitive à la crise malgache dans les prochains jours. Mais Andry Rajoelina n’y a pas pensé. Il pourrait payer très cher cette décision. Les initiateurs de la rencontre pourraient s’énerver. Et c’est normal.