Candidat à sa propre succession

08/12/2012

Le chef de la Transition a préféré maintenir le suspens. Il va bientôt annoncer sa décision sur les élections présidentielles. Il n’y aura pas tellement de surprise. Les partisans de Rajoelina ne souhaitent guère entendre un désistement.

Ce qu’ils souhaitent c’est ni plus ni moins la candidature du fondateur du parti TGV à la présidentielle. Les intenses opérations de charme du président de la Transition, un peu partout à travers le pays, et la grande fête lors de l’inauguration prochaine d’Antsonjombe et du temple de rugby ne peuvent qu’avoir des visées électorales. C’est une pratique presque vielle comme le monde dans notre pays. C’est à l’approche des élections que l’on multiplie les cérémonies publiques. Andry Rajoelina est a priori candidat à sa propre succession. Il a pourtant déjà affirmé qu’il ne se présentera pas aux élections sans être sûr de pouvoir gagner. Andry Rajoelina doit pourtant savoir que si le vote est sincère il n’a pas beaucoup de chance d’engranger beaucoup de voix à travers le pays. Surtout si aucune exclusion dans la candidature des prétendants n’est pas imposée. La sincérité du vote pose déjà ainsi un sérieux problème, si Andry Rajoelina insiste à se présenter à l’élection présidentielle, sans un accord politique au préalable. Il devra toutefois se référer à la décision de la réunion de la Troïka de la SADC en cette fin de semaine. Les résolutions sur Madagascar doivent peser lourd dans la balance. Et Andry Rajoelina ne pourra pas les ignorer. Dès sa prise de décision, il devra par la suite songer à son futur collaborateur à Mahazoarivo. Le Premier ministre, Omer Beriziky, qui a un penchant avoué pour le « ni…ni » compte peut-être ses jours au palais de Mahazoarivo. Qu’il soit candidat ou pas, Andry Rajoelina aura de plus en plus de mal à collaborer avec quelqu’un qui l’a désavoué publiquement. Le reniement de Rajoelina à l’égard de Beriziky constitue toutefois une fin programmée de la mise en œuvre de la Feuille de route de sortie de crise. Et un retour à l’unilatéralisme. Cependant, le chef de la Transition s’est déjà engagé dans une impasse en refusant de continuer à négocier. Ce refus équivaut tout simplement à un rejet des dispositions de la Feuille de route. Ce document signé en septembre 2011 n’a plus aucune valeur. Toutes les parties prenantes doivent l’admettre. Le consensus n’est qu’un mot vain et inutile dans le processus actuel. Personne n��y a véritablement songé. Et c’est pour cela que Rajoelina pourra prendre, seul, la décision de se présenter à la prochaine élection présidentielle.